Triathlon Ironman du pays de Galles le 11 Septembre 2011 par David Tencé

Vous connaissez Jules Vernes ?
Moi, j’ai appris à le connaitre !
En effet, souvenez-vous de la mine réjouie qu’il affichait le gars Tencé, au lendemain de l’Ironman de Nice 2010. Tout sourire il était. Avec sa breloque et son t-shirt de finisher bleu, ont aurait dit un gamin de retour de son 1er RDV amoureux.
Il venait de passer 1 semaine fantastique avec 2 potes. Cette sympathique semaine s’était soldée par une bonne performance sur la course, le p’tit nuage quoi !!….Oui mais voilà, il y a eu « l’after » et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas été très réjouissant. C’est à partir de là que j’ai commencé mon voyage au centre de la terre !
Imaginez, 15 mois à bouffer des vers de terre et des racines. Pendant toute cette période rien ne va, j’ai la conviction d’être proche de la mort !! Quand j’essai de faire un peu de sport, c’est une catastrophe, tout m’échappe… alors je creuse, je creuse… le tunnelier on m’appelle !! D’ailleurs au mois d’octobre je débouche dans une galerie où je fais la connaissance de 33 mineurs chiliens. Au début, ils sont un peu froid et n’ont pas trop le moral, je les entends se dire : « mé qui c’é céloui la ?  Et qué c’é qu’il fé là ?». Après, ils sont devenu sympas. Malheureusement, je n’ai pas pu rester longtemps avec eux car il n’était qu’à 700m de profondeur ! J’ai donc continué à creuser, creuser et creuser encore. Je suis arrivé au centre de la terre le 15 août dernier. A ce moment, je me suis dis que je ne pouvais pas faire pire que de chuter après 35 kms de vélo sur l’Embrunman, j’ai donc décidé un retour progressif à la surface.
C’est donc à Tenby, au Pays de Galles que j’ai revu le jour après cette longue période de spéléologie. Au début, ça pique un peu les yeux. Fort heureusement, la luminosité dans cette région n’est pas trop violente. De plus les pluies abondantes m’ont permis de me décrasser en profondeur.
Bon OK, j’arrête avec mes métaphores foireuses, venons-en au fait :


Pour 2011, l’objectif des « Ironman » du TC VAL était l’Embrunman. Tout était réuni pour faire de ce 15 août un grand moment de plaisir commun… Bon, c’est vrai, du plaisir, nous en avons eu, grâce à la performance de Damien. Mais en ce qui me concerne et pour les raisons que vous connaissez, ce millésime à comme un goût d’inachevé.
Bien décidé à ne pas rester sur cette déconvenue, j’ai immédiatement envisagé de me rendre à Barcelone le 2 octobre. Mais en jetant un œil sur le calendrier  des « IRONMAN », j’ai remarqué que celui du Pays de Galles était plus proche et que d’un point de vu logistique, j’aurais autant de facilité à me rendre en Angleterre plutôt qu’en Espagne.
En 3 secondes, m’a décision était prise, le 11 septembre je serais à Tenby.
Pour ne pas faire subir mes caprices d’ado boutonneux à toute la famille, je décide de partir seul.
Dans un 1er temps, j’envisage de voyager léger. En voiture avec une simple toile de tente et une bombe de Wizard fraicheur printanière pour lutter contre l’odeur de bouc célibataire. Mais en consultant le bulletin météo de la région, je fini par changer d’avis. C’est finalement le camping-car qui aura ma préférence.
Ce fut le bon choix stratégique de mon périple. Les conditions étaient tellement abominables que le plan « toile de tente » se serait vite transformé en cauchemar.
J’embarque donc mercredi 7 septembre à 17h30 au Havre. Je pose le pied sur le sol Anglais à 22h30 (heure locale). Après une première nuit passée à Portsmouth, je prends la route en direction du Pays de Galles tous feux allumés et essuis-glace sur position 3 (c’est bizare, je crois avoir écris la même chose dans mon récit de Bolton en 2009).
Lorsque j’arrive sur place, je peine à trouver un stationnement adapté à la taille de mon véhicule. Après renseignements, je fini par trouver un emplacement sympa sur un parking jouxtant la plage où sera donné le départ.
Sinon, Tenby est une jolie petite station balnéaire Galloise où il ne pleut pas plus de 300 jours par an. Les gens d’ici possèdent d’excellentes qualités en course à pied car ils s’entrainent à courir plus vite que les gouttes. Mais également de très belles disposition pour la natation, car lorsque que vous les regardez de près, vous constatez qu’ils ont les mains palmées.
Une fois installé j’enfile très vite (de peur de changer d’avis) la combi pour aller tester la T° de l’eau. Le 1er contact entre mon gros orteil et l’eau est terrible. Si j’avais tenté la moindre flexion, mon os aurait cassé comme du verre. Je demande à une personne présente si elle connait la T°. La personne me répond : « env 16 -17° » !! C’est la première fois que je rencontre un anglais marseillais !!
Bref, je suis venu pour nager donc je me lance. Après seulement quelques mouvements, mon cerveau se trouve comprimé dans ma boite crânienne, ce qui me laisse penser que l’eau est plutôt à 15° (ch’ui comme ça moi, j’ai une sonde de T° dans la tête).
20 mn dans l’eau me suffiront, je remonte vite à l’abri prendre une douche chaude. Après avoir retiré la combi et surtout le maillot de bain, je pars à la recherche de « Brigitte ». Constatant son absence, je me dis qu’elle s’est peut-être cassée par le froid et que je l’ai perdu dans l’eau ? Mais il n’en est rien, la coquine à juste rentrée la tête dans les épaules avant se camoufler sous les poils pour se protéger.
Le lendemain matin, à l’occasion de l’entrainement surveillé, ils ne sont pas nombreux à se mettre à la mer. Je crois n’avoir entendu que des anglais et même 2 ou 3 sans combi…des purs guerriers !!
Cela a été pour moi la seule attraction de la journée. Comme la pluie n’a quasiment pas cessé, je suis resté prostré dans le camping-car à agrémenter ma page Facebook.
Le samedi, pas mieux, mais tout de même l’obligation de sortir pour aller déposer mon vélo et mes affaires dans le parc. Cela m’a permis de voir 3 bretons qui ont aussi fait le déplacement en terre Galloise. Les loulous ont la tête des petits jours. Laurent Suppi me confie que sans la perspective d’une qualif, il ne prendrait pas le départ. Il est accompagné de l’ancien cycliste professionnel Ludo Martin et d’un malouin, Jean-Bastiste Biénassis.
Je positionne mon vélo à sa place sans y apposer la bâche plastique de protection fournie par l’orga. Second choix stratégique payant du WE ! A peine avais-je quitté mon destrier que je vois passer à l’horizontal, un vélo sous cellophane ! A l’heure qu’il est, il doit être en orbite entre Jupiter et Saturne et son propriétaire doit bien regretter de l’avoir capoté.
Au cours de cette journée du samedi, les conditions météo se sont encore dégradées, ce qui obligera les organisateurs à trouver un plan « B » pour la natation.
Au briefing, il n’est fait état que de ce point précis, le reste étant très bien expliqué sur la documentation remise au moment de l’enregistrement.
Finalement, nous ne nagerons pas sur la grande plage du sud, mais sur la plus petite du nord qui est un peu plus abritée.
Seul souci, elle est à plus d’un km du parc à vélo. Il va donc falloir courir longtemps à la sortie de l’eau. Pour cela l’organisation nous donne un sac supplémentaire avec notre n°, dans lequel il va falloir fournir une seconde paire de running pour assurer cette liaison.
Sur ces belles explications, prodiguées entièrement en anglais (l’Anglais croit que tout le monde parle anglais), il faut aller se reposer car demain c’est la grande bataille.
Dimanche 4h00, je sors faire mon pissou matinal. Miracle, il ne pleut pas (plus). Va-t-on être épargné au moins jusqu’au départ ? C’est en tout cas ce que tout le monde espère. Le vent de son côté, à redoublé d’intensité. Le speaker nous annonce des rafales à + de 130 km/h et pour des raisons de sécurité évidentes, il déconseille les roues lenticulaires.
Une fois préparé, je me rends rapidement sur North Beach pour m’assurer une place de choix sur la ligne de départ.
Positionné en 1er ligne à côté des champions, je suis serins, je sais que j’ai progressé en natation et qu’en faisant un départ rapide, je ne serais pas gêné par la meute qui sera derrière.
A 7h00, alors que l’ambiance est très nerveuse, la petite dame chargée de tenir la rubalise est prise de panique lorsqu’une vague aussi haute qu’elle lui arrive dans le dos. Elle décide de tout lâcher et remonte en courant vers la plage. Le starter retenti et je m’élance dans l’aspiration des PRO.
La mer est agitée, il y a des creux, mais je ne rencontre aucuns problèmes. Je me dis que ma stratégie s’est révélée payante. Arrivé à la 1er bouée, après seulement 450m de nage, j’ai de sérieux doute, y’a vraiment du monde, ça grouille de partout : « oh c’est quoi ce bordel, on n’est pas à China town » ! Bref je continue mon périple, la ligne suivante est compliquée, 950 m avec vague de face. Côté réhydratation, aucun problème vu que j’avale une tasse tous les 4 mouvements de bras ! A la fin du 1er tour, la sortie à l’australienne me permets de faire un point sur ma position. Le constat n’est pas réjouissant, je me situe sensiblement au milieu de la meute « ce n’est pas possible, moi qui croyait être devenu un nageur », je fais l’effort de partir devant et au bout de 1900m je suis relégué dans les profondeurs du classement. Coup d’œil sur ma montre : 29 mn. En fait, ça me rassure, ce sont juste les autres qui sont très forts et puis c’est tout.
Le second tour ne sera vraiment pas une partie de rigolade, je suis dans le trafic, ça bouchonne et avec ça, les vagues me paraissent encore plus forte qu’au 1er tour et m’oblige à reprendre ma respiration en brasse pour éviter la noyade. J’ai le ventre plein d’eau, j’ai froid, je suis essoufflé par l’effort que je fourni, bref, l’entrée en matière n’est pas terrible. C’est à ce moment que je retrouve mon copain Jules ! …….Mais si, vous savez, Jules Vernes. Cette fois-ci dans un remake de vingt mille lieues sous les mers.
A la sortie, mon chrono affiche 1h06. C’est quand même un peu loin des 58’ réalisées à Embrun ! Bon ok, je vous l’accorde, les vagues à Embrun, c’est un peu comme les seins d’Hélène…un mirage !
Je monte la rempête qui mène sur la corniche, récupère mes chaussures et pars en direction du parc à vélo. Il y a 1km à parcourir. Mes sensations sont à mi chemin entre ivresse, presbytie et perte de connaissance. Ma mâchoire fonctionne toute seul, ce qui provoque de jolis claquements de dents. Et pour couronner le tout, j’ai une citerne à la place du ventre et une barre à mine dans l’estomac… « Je vais bien tout va bien ».
Arrivé au parc de transition je fais un 1er pipi, je rentre dans la tente, retire ma combi et me prépare pour le vélo. Tout cela avec l’aide d’une charmante bénévole.
Impossible de partir à vélo sans faire un second pipi ! Merde alors, je n’ai pourtant pas passé la soirée à siroter des bières avec le sanglier !!
Dans les 1er mètres de vélo, je sens bien que je n’ai aucune lucidité. Heureusement la route est droite, il y a juste à suivre la ligne blanche (pas jaune).
Le plus gênant, c’est cette incapacité à reprendre son souffle, comme si mon filtre à air était bouché ! A ce moment là, je suis obligé de respirer comme un p’tit chien. Je regrette alors d’avoir séché les cours d’accouchement où Caroline apprenait à le faire dans les règles de l’art.
Rassurez-vous, mes symptômes de p’tit toutou se sont arrêtés là. Fort heureusement, pas de syndrome de grattement d’oreilles avec la patte arrière, ni de léchage de couilles !
Je découvre ce parcours vélo au fur et à mesure de mon avancement et il est plutôt costaud. Ludo Martin qui a couru chez les Pro l’a comparé à la classique Liège-Bastogne-Liège.
Du vent, des bosses, des descentes sinueuses et glissantes et les 7 derniers kilomètres tout en montée….de quoi se faire plaisir quand on marche, mais en gardant à l’esprit qu’il va falloir se taper un marathon dans la foulée.
Au bout de 15-20 kms mes sensations reviennent, je m’installe en position aéro et commence une belle remontée. Dans les bosses, je remets le petit plateau et tente de rester souple. Dans les descentes, j’assure car j’ai une pensée pour la crainte légitime que Micka doit avoir quant à l’intégrité physique des roues qu’il m’a gentiment prêtées. Et puis, ces pauvres roues, elles n’ont pas l’habitude de rouler aussi vite, il a donc fallu les réhabituer progressivement aux allures élevées !
Sans encombre, j’arrive à la fin de cette partie vélo avec un chrono de 5h49 en étant remonté à la 135e place.
Transition sans encombre et départ sur le marathon en prenant un gel « powerbar » goût « acide chlorhydrique » (sans déconner, je n’ai pas pu l’avaler).
J’essaie de me maintenir au environ de 5’ au km. Le parcours n’est pas monotone, ça monte à l’aller, ça descend au retour (forcement). En ville, c’est plus dur, mais agréable ! Je m’alimente avec des « tuc » et des bananes. Le tout arrosé de coca et de Gatorade. Pas de problème particulier jusqu’au s’mi.
Après je commence à avoir quelques contractions abdominales et des remontées gastriques. Bizard, encore des symptômes de femmes enceintes : Faut vraiment que j’aille voir Jean-Franc…
Dans le 3e tour, la pluie nous arrose abondement, j’ai peur que les crampes apparaissent, mais il n’en sera rien. En maintenant mon rythme de croisière j’arrive (à ma grande surprise) jusqu’à la ligne d’arrivée en 3h31.
Au final, je suis pointé à la 116e place en 10h47.
Le soir en buvant une bière avec un journaliste de TRIMAG rencontré sur place, nous refaisons la course et celui-ci m’explique qu’il y a eu un loupé au départ.
En effet, les triathlètes positionnés devant (j’en étais) sont partis direct vers la 1er bouée, alors que le reste de la troupe a couru sur la plage pour aller chercher la perpendiculaire (voir photo). Résultat : selon Olivier, un gain d’au moins 250m et la raison pour laquelle il y avait tant de monde au 1er virage alors que je n’avais quasiment vu personne me doubler. Faut bien se trouver des excuses !!
A présent la saison 2011 va s’achever tranquillement, juste un dernier concours de grimace dimanche prochain avec Micka sur le Duo Normand.
Ensuite, je vais rechausser les pneus à crampons et les chaussures de trail pour aller me faire plaisir dans les chemins creux !!
Côté triathlon, je me donne jusqu’au mois de janvier pour redescendre sous les 100 puls/mn au réveil et sous les 150 UI/L de Gama GT.
D’ici là, va y’avoir de la verte à couler….

Bisouille
David Tencé.